Fin de la vignette, carte grise collection, développement d’internet, baisse du dollar… de nombreux professionnels ont profité d’un contexte favorable pour développer l’import de voitures américaines et le service après vente (pièces, entretien), avec plus ou moins d’honnêteté.
En tant que blogueur indépendant, je peux m’offrir le luxe de pousser des coups de gueule et évoquer des sujets sensibles comme celui-ci. Je ne vais donc pas me gêner. Depuis des années, j’entends autour de moi des témoignages de propriétaires de voitures américaines passionnés qui se sont fait lésés par des garages dits « spécialisés », des acheteurs de véhicules importés mal inspectés (ou disons mal renseignés) et qui révèlent de mauvaises surprises à l’arrivée, des pièces incompatibles avec le véhicule mais dont le vendeur ne veut rien savoir. Les plus chanceux pourront cumuler les 3: faire importer une épave maquillée, recevoir les mauvaises pièces sans remboursement possible, sortir du garage avec une voiture plus boiteuse qu’à l’arrivée et être à découvert car chaque professionnel s’est bien gavé sur la douloureuse. Y a de quoi jeter sa Chevrolet dans un ravin et foncer chez Renault.
La folie des prix
A croire qu’un propriétaire de voiture américaine en 2016 est forcément riche. Hey, oh ! On se réveille. La vignette, c’est fini. La cote des Mustang a certes explosé mais on trouve encore d’autres voitures américaines tout à fait accessibles, même en import. Des gens pas forcément riches roulent en Chevrolet Caprice, Buick Regal, Park Avenue et j’en passe.

Je me rappelle avoir payé un peu moins de 300 € une paire de disques de frein pour une « vulgaire » LeBaron ’80 puis Rockauto.com est arrivé et j’ai compris l’ampleur de l’arnaque. Je ne dis pas qu’un professionnel français ne doit pas faire sa marge et proposer un tarif proche de RockAuto: c’est tout bonnement impossible s’il veut survivre ! En tant que client, j’apprécie le service offert par un pro français qui va savoir me conseiller, commander la bonne référence, gérer la livraison et assurer un vrai service après vente en cas de soucis. Mais bon sang, me vendre une pièce 4 fois plus chère que ce que j’aurais payé moi même sans bénéficier d’un tarif de gros sur le transport… y a de l’abus !
Plus tard, j’emmène ma Chevrolet Caprice dans un garage connu d’Ile-de-France car je n’ai pas le choix. Pour un changement de 2 roulements et cylindre de roue arrières, une vidange de pont, je repars avec une facture de 560€ ! Je regarde le détail: chaque heure de main d’oeuvre m’a été facturé au tarif Mercedes (comprenez qu’une Chevrolet de 1977, c’est de la mécanique ultra pointue) et il semblerait que le mécano ait pris son temps. En sus, on m’a généreusement refait tous les niveaux (huiles, liquide de frein, refroidissement…) en me facturant 1 bon litre par fluide à chaque fois. Trop de bonté ! Le problème, c’est qu’il devait manquer un dé à coudre à chaque fois et qu’on m’a facturé le litre au prix du Dom Perignon.
Les sociétés d’import de voitures américaines ont elles poussé comme des champignons dès la deuxième moitié des années 2000 avec des prix parfois à la tête du client, allant du simple au double pour une prestation identique. N’hésitez donc pas à comparer les devis mais surtout les retours de vrais clients (du bouche à oreilles ou d’internautes que vous connaissez vraiment, les faux avis pullulant sur internet).
L’amour du travail bâclé
Si ces tarifs élevés étaient systématiquement justifiés, ce serait une autre histoire. Ce n’est pas toujours le cas.
Combien de témoignages sur des forums, groupes Facebook de clients désespérés après avoir acquis des voitures importées, belles en photos et annoncées comme saines par l’importateur qui se révèlent finalement gangrenées par la rouille ou anciennement accidentées ? A la décharge des professionnels, certains défauts ne sautent pas aux yeux mais je parle de cas ultra flagrants que la moindre inspection un peu poussée aurait pu mettre à jour. Malheureusement, l’envie de faire « tourner la boite » à plein régime est parfois plus forte que la conscience professionnelle. Il y a aussi le cas des V8 remplaçant des L6 d’origine, des fausses versions exclusifs que certains importateurs se cacheront de présenter comme de simples clones, arguant à l’acheteur qui se rend compte bien trop tard de la supercherie: « Vous ne pensiez quand même pas acheter une vraie Camaro SS à ce prix ? ». On pourra toujours penser que le client n’avait qu’à mieux se renseigner mais la pratique est tout de même très malhonnête.

Chez les garages, je pense à celui qui utilise de l’huile de synthèse dernière génération pour toutes ses vidanges, qu’il s’agisse d’un dernier Chevrolet Tahoe ou d’une vieille Caprice des années 1970 dans son jus, cet autre qui change des carbu mais ne les règle pas (ça me rappelle étrangement la liste des trucs à éviter à sa voiture). C’est toujours un bon moyen de voir le client revenir.
Plus tard, sur recommandations, j’ai fait appel à quelques professionnels honnêtes qui m’ont redonné espoir en l’humanité. Une petite société importait régulièrement des voitures pour le compte de membres d’un forum de passionnés que je fréquente régulièrement. Avant achat, il inspecte en personne chaque voiture et liste les éventuels défauts de la voiture. En prime, vous avez même droit à une vidéo « on the road » pour juger du bon fonctionnement de la voiture. La voiture est livrée devant chez vous, avec son certificat FFVE. J’ai donc franchi le pas avec cette entreprise pour l’importation de ma Mercury Cougar et je ne le regrette absolument pas. Il y a aussi ce jeune mécanicien très pédagogue qui se déplace à domicile, cet autre qui m’a bien dépanné quand ma boite auto m’a lâché, un autoentrepreneur qui m’a fait parvenir très rapidement une ligne d’échappement complète pour mon ex-Chevrolet.

Ces professionnels comptent peut être moins de clients, font peut être moins de marge que certains mais sont de vrais passionnés qui ont du respect pour leurs clients tout aussi passionnés et méritent une longue existence. J’entends souvent autour de moi que seuls les escrocs, les « requins » survivent et qu’il y a rarement de la place pour les gens honnêtes en affaires. Pour ne pas leur donner raison, je vous invite vivement à faire de la publicité pour les professionnels compétents afin de les aider à grandir rapidement.
Morale de l’histoire
Il y a eu, il y a et il y aura toujours des escrocs sur tous les marchés juteux comme celui de l’automobile. On pourrait niaisement croire que la niche des amateurs de voitures américaines ne concentre que des professionnels passionnés et pleins de bons sentiments. On est loin du compte et la méfiance est de mise, d’autant que certains n’hésiteront pas à jouer sur la fibre « passion » pour vous vendre des trucs inutiles. Suivez les recommandations de votre entourage. En ce qui concerne les garages, n’hésitez pas à tester quelques garages de quartier non spécialisés dans l’américaine, notamment pour les véhicules assez anciens qui restent souvent très basiques de conception pour n’importe quel mécano.