J’ai pas un gros V8 sous le capot. C’est grave docteur ?

J’ai pas un gros V8 sous le capot. C’est grave docteur ?

Dans le petit milieu de la voiture américaine, les gros V8 sont le Graal, à tel point que les 6 cylindres – et quelques V8 small block – sont parfois dévalorisés aux yeux de certains.

En tous temps, l’automobile est vue comme un signe de distinction et celui qui a la plus grosse en impose. C’est un peu la même histoire pour les moteurs. Le type qui roule en Mercedes E220 diesel flambant neuve se sent un peu moins pousser des ailes quand une version AMG vient s’arrêter à sa hauteur. C’est bête mais c’est souvent comme ça. La testostérone ? C’est un peu simple (et ça voudrait dire que toutes les femmes peuvent se contenter d’une Lada).

Victimes du marketing

Disons que le marketing a toujours poussé le consommateur dans ce sens pour l’inciter à opter pour une finition supérieure ou, à défaut, d’en rêver. T’es un vrai mâle ? T’es pas une fillette ? Prends au moins la version V6 avec le petit aileron qui va bien parce que franchement le 1.6 litres, c’est bien pour les p’tites dames (sous-entendu; raisonnables et qui n’aiment pas la vitesse). La communication évolue doucement mais c’est un peu la soupe qu’on nous a servi de manière plus ou moins explicite depuis des décennies. Vous en connaissez beaucoup des pubs avec des nanas qui conduisent des sportives ? La plupart du temps, elles sont là pour jouer les « séduites » et pas pour être derrière le volant. Le « mâle » ne voudrait pas d’une « voiture de fille ».

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La version raisonnable pour madame. La cavalerie pour monsieur et ses gros bras.

Fondamentalement, si on sort de ce carcan (sexiste) à la noix et qu’on a pas trop de problèmes d’ego, chaque niveau de gamme correspond à un budget et à un besoin et s’apprécie à sa juste valeur. Pas besoin d’avoir le plus gros moteur pour commencer à apprécier une bagnole. N’écoute pas ceux qui te disent que ta Dodge Challenger 1970 ne vaut rien parce qu’elle n’a « que » un 6 en ligne sous le capot et pas un 440 bourré de chevaux comme dans le film Vanishing Point. Dire que les deux se valent serait mentir mais le « 6 » a pour lui de rendre ce « mythe » un peu plus abordable avec une puissance tout à fait suffisante pour cruiser. Quid du nombre de propriétaires de muscle cars qui les poussent régulièrement à fond sur des dragstrips ?

Big block or not ?

Quand je recherchais ma Mercury Cougar, mon budget m’offrait deux choix: un modèle dans un état lamentable propulsé par un V8 390ci (6,5l) ou un modèle propulsé par un V8 302 ci (5,0l) standard mais roulant et dans un jus bien meilleur. Pas franchement emballé à l’idée de faire exploser le montant total dans une resto, j’ai opté pour la dernière option. Et je ne le regrette pas ! Le V8 émet une belle symphonie et produit un couple si suffisant que les roues arrières s’emballent sans forcer si j’appuie un poil trop sur l’accélérateur (et que la voiture est pas trop chargée). Pour mes balades de papi, c’est même un peu too much ! 🙂

Une opération aussi simple que changer des bougies devient plus compliqué sur un big block 390 monté dans le compartiment moteur étroit d'une Mercury Cougar.

Une opération aussi simple que changer des bougies devient plus compliqué sur un big block 390 monté dans le compartiment moteur étroit d’une Mercury Cougar.

Le big block, c’est pas toujours mieux

Sur certains modèles, opter pour le plus gros moteur n’est pas toujours le choix le plus judicieux. Dans le cas des petits véhicules, on peut être confronté à un accès compliqué à la mécanique du fait d’un compartiment moteur trop étroit et d’un moteur entré au chausse-pied. La répartition des masses est déséquilibrée du fait d’un poids trop important à l’avant, ce qui a tendance à faire vaciller dangereusement le nez lors de fortes accélérations. Enfin, alors qu’un big block offre un couple confortable sur une grosse berline, un 6 ou un V8 small block offre le même agrément sur un véhicule de taille compacte ou intermédiaire, plus léger. L’idée des marketeux de l’époque quand des big blocks ont été installés dans des petits modèles n’était pas de proposer une alternative un peu sportive… mais d’en faire des dragsters, à la limite du contrôlable ! Pour un usage à la cool – et quelques brûlages de gomme occasionnels, je te voie venir – nul besoin de taper dans cette catégorie.

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Certains modèles sont de vrais dragsters comme cette Dodge Charger 440.

L’essentiel reste avant tout que ton auto te procure du plaisir, qu’importe ce que les autres en pensent. Dire qu’une « vraie » américaine a un big block sous le capot est totalement faux et non représentatif du paysage automobile américain d’une certaine époque. Chaque moteur a de bons côtés et de moins bons. Les muscle cars survitaminés s’avèrent dures à dompter mais c’est aussi ce qui fait leur charme. Sur des paquebots de plus de 2 tonnes, les mêmes moteurs se révèlent mieux domestiqués mais offrent un réel agrément. Comme dit l’adage, qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse !

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