La Chrysler K-Car du 16ème

La Chrysler K-Car du 16ème

On est en 2008. Ma date d’examen pour le permis de conduire est même pas encore planifiée que je suis déjà entrain de baver sur les petites annonces, en quête de ma première caisse. Faut dire que mes jobs d’été et stages en entreprise m’ont permis d’amasser quelques billets qu’il me démange de brûler dans une bagnole. J’ai pas un budget de fou non plus et mon (futur) statut de jeune conducteur ne me permettra pas de craquer tout de suite pour une grosse cylindrée. Je m’oriente donc vers les mal aimées; des modèles un peu fadasses des années 1980-1990 mais qui ont juste ce qu’il faut d’exotisme pour ne serait-ce qu’effleurer le rêve américain.

Une américaine vraiment pas chère – aussi peu reluisante qu’elle soit – trouvera toujours un acheteur, désargenté ou un peu paumé (voire les deux). J’en faisais évidemment parti et mon sang n’a fait qu’un tour quand je suis tombé sur cette Plymouth Caravelle 1988 en vente. « Plymouth » était déjà une marque bien désuète du groupe Chrysler, morte et enterrée seulement 8 ans auparavant. A ça, tu ajoutais le nom chicos-cheapos de « Caravelle » – qui n’est ni plus ni moins que le nom d’un ancien navire à voiles (en plein naufrage) – et tu obtenais une des berlines les moins attractives de la décennie 1980. A 500 balles le morceau et à une demi-heure de ma banlieue parisienne, tu te doutes bien que j’allais pas la laisser passer.

C’est le fils (ou le petit fils?) du propriétaire décédé qui nous accueille, mon père et moi. En plein cœur du 16ème arrondissement, on rejoint un étroit parking souterrain dont l’inaccessibilité en voiture nous étonne. Normal; la sortie ne se fait que par un immense ascenseur, bien vieux et bien glauque. Au moins autant que le souterrain en lui même, très mal éclairé. La Plymouth apparait enfin sous nos yeux. Le fiston n’avait pas menti : la carrosserie a quelques petites bosses et rayures… mais je m’attendais pas à un tel carnage ! L’ancien propriétaire âgé n’avait plus toutes ses facultés et utilisait régulièrement les murs et piliers comme guides pour atteindre l’ascenseur du fond.

La lumière blafarde des néons fatigués accentue davantage les défauts de la carrosserie. On la croirait presque sortie du premier tour d’un demolition derby. Les rétro homologués de je ne sais quel modèle européen – eux aussi éclatés – ne lui rendent pas non plus justice. A l’opposé, l’habitacle est très bien conservé et je retrouve tout le côté chaleureux et accueillant d’une berline américaine des années 1970. Du bordeaux du sol au plafond, du faux chrome, du faux bois et un levier de vitesses au volant… sous cet angle, c’est l’Amérique que j’aime ! La Plymouth démarre au quart de tour et on s’attendrait naturellement à entendre vrombir un V8 pour compléter la panoplie. K-car oblige, le downsizing s’invite jusqu’au compartiment moteur. Il faudra donc se contenter d’un 4 cylindres de 2,5l qui tourne parfaitement rond mais sonne bof. Pas grave, ça me coûtera moins cher en essence et en assurance.

L’histoire raconte que le papi avait acheté la voiture neuve aux Etats-Unis quand il y vivait puis l’avait rapatrié par ses propres moyens en France. Le fils fournissait pas mal de factures et documentations avec la voiture mais l’impossibilité d’essayer la voiture et l’état de la carrosserie m’avaient rebuté. Au prix demandé, c’était pas un très gros risque mais le devis carrosserie allait être salé et je me voyais pas rouler avec une caisse en tel état pendant quelques années. Sans compter les défauts mécaniques que je n’ai pas pu voir, faute de pouvoir l’essayer.

Et là, par hasard, au gré de mes balades sur Leboncoin, je retombe sur cette fameuse Plymouth plus de 10 ans après. La carrosserie semble avoir été « arrangée » mais elle garde encore quelques stigmates de son passé parisien (parechocs éraflés, clignotants manquants, rétro pété) et la peinture n’a pas apprécié le soleil nîmois. Elle est néanmoins restée toute d’origine, jusqu’aux enjos. Reste le prix affiché de 9.000 euros qui me parait un peu ambitieux pour une K-car dans cet état.

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3 Commentaires

  • Eddy123
    29 octobre 2021

    Bonjour
    Je viens après la guerre mais j’ai déjà vu cette auto en vente et j’avais téléphoné au proprio de l’époque..
    Elle était très abîmé mais sont problème été ses « accastillages » et phares hs…
    De mon côté je démontais une LeBaron de 86 qui est plus ou moins la même auto..
    Je lui avais proposé 900€ Mais le monsieur avait l’impression d’avoir une pépite…

    Pour l’histoire, la plateforme K a été utilisé à toutes les sauces durant les années 80 et début 90…
    Simca a ainsi aidé à la mise au point de leur 1ère traction et il est fort à parier qu’ils auront récupéré la plateforme pour l’Europe ….. D’ailleurs Si Simca était resté sous le giron de Chrysler, on aurait eu peut être un Simca Voyager et Renault n’aurait jamais eu d’Espace…,

    • FREDERIC
      28 novembre 2021

      Simca Voyager ……. ben on est tombé pas loin; mon premier Voyager de 1989 était (sur la carte grise) un Talbot Voyager .

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