Plymouth Fury 1977: dernière héritière du Fuselage Look

Plymouth Fury 1977: dernière héritière du Fuselage Look

Dernière représentante du fuselage look Chrysler – largement démodé en cette fin des années 1970 – la Plymouth Fury 1977 n’en reste pas moins une icône du paysage automobile américain.

Présente dans une quantité infinie de séries télé et autres films des années 1970-1980, elle a fait rêver bon nombre d’entre nous, souvent en tant que voiture de police ou d’inspecteur banalisée. Ses lignes fluides rappellent quelque peu les muscle cars de la grande époque. La Fury est néanmoins plus longue et élancée, perdant un brin de caractère sportif. Alors que les trois quarts de la production de l’époque arbore déjà un design carré, taillé à la serpe à l’aube des eighties, le midsize de la gamme Plymouth apparait largement désuet. Comme la Ford Crown Victoria contemporaine, elle n’attirera principalement que les administrations comme la police et le taxi, tout comme son clone Dodge: la Monaco.

Cette génération de Fury apparaît en 1975 avec quelques différences sur le plan visuel: les feux avant ne comprennent alors qu’un optique, les clignotants sont encastrés à chaque extrémité de la calandre et les feux arrière sont intégralement rouges. Reposant sur la plateforme B-Body, commune à de nombreuses voitures du groupe Chrysler de 1962 à 1979 dont la célèbre Dodge Charger, elle sera déclinée en coupé, berline et station-wagon (appelés « suburban »), comblant tous les besoins de la clientèle de l’époque. Le modèle perdurera ainsi jusqu’en 1978.

Propulsée par les traditionnels blocs Chrysler, elle offre un choix de motorisation très large. Cela commence avec les L6 225ci (3,7l) et V8 318ci (5,2l) puis viennent les V8 360ci (5,9l), 400ci (6,6l) en option. Des versions équipées du 440ci étaient réservées aux forces de l’ordre. Elles comptent – encore aujourd’hui – parmi les véhicules les plus appréciés des policiers américains de par leur impressionnante vivacité.

L’exemplaire de cet article est motorisé par le V8 360ci (5,9l) optionnel. Cette année là, ce sont 155 chevaux qui travaillent sous le capot… Normes antipollution obligent. Mais largement suffisant pour cruiser avec une bonne réserve sous le pied pour mouvoir les 1,6 tonnes de la bête. Car malgré la catégorisation « midsize », la Plymouth reste loin d’une taille moyenne européenne avec ses 5,60 mètres de long et ses 2,03 mètres de large. Or à cette époque, les clients américains ne veulent déjà plus de ces gros « gouffres à essence » après une série de crises pétrolières. Les autres constructeurs commencent à revoir leur gamme pour proposer des véhicules plus petits et plus économes en carburant. Chez Chevrolet, les nouveaux fullsize Caprice 1977 ont subi une belle cure d’amincissement: 30 cm de longueur en moins que le midsize Dodge/Plymouth! On est donc face à la dernière représentante d’une période déjà bannie fin seventies. Des volumes importants de Fury 1977-1978 non vendues auraient ainsi servi directement aux tournages de films et séries télé, d’où notamment leur très grande présence à l’écran, que ce soit en tant que voiture de police ou simple véhicule civil. Bien malheureusement, il s’agissait rarement de « petites promenades de santé » mais plus souvent de poursuites musclées se terminant sur le toit ou par une explosion rocambolesque. Ce pourquoi aujourd’hui, malgré l’importante production, il devient difficile de mettre la main sur un exemplaire en bon état. C’est pourtant l’exploit de Solange, une française qui nous présente son exemplaire en provenance du Canada.

Retrouvez l’interview de Solange

A l’intérieur, la présentation est soignée, finition Brougham oblige. Le bordeaux règne en maître du ciel de toit au plancher, participant à l’ambiance « cosy-bourgeoise ». Les larges banquettes vinyle accueillent 6 passagers confortablement mais sans maintien (ça glisse dans les virages serrés!). La planche de bord avec sa coupe carrée ne fait pas dans l’originalité mais toutes les commandes sont là où il faut. Très à la mode à cette époque, le volant de la Fury n’arbore pas le logo Plymouth mais un logo spécifique aux Fury, donnant l’impression de posséder d’autant plus un modèle à part de la gamme.

La liste d’équipements est pléthorique. Bon nombre d’entre eux sont en option, rendant chaque modèle quasiment unique dans sa configuration. Parmi les plus populaires, on trouve l’air conditionné, le dégivrage arrière, la direction assistée (de série pour les moteurs V8), les sièges et vitres électriques, la fermeture centralisée, la radio AM/FM et le régulateur de vitesse. Dans le détail, le client pouvait choisir jusqu’à quatre déclinaisons d’autoradio et de jantes/enjoliveurs, deux types de volant, amortisseurs renforcés et bien d’autres équipements de confort, sans compter les quelques packages (Light, Luxury Equipment et Trailer Towing – optimisé pour tracter remorque ou caravane).

Extérieurement, la Fury Brougham se distingue par la présence d’un toit vinyle d’un autre ton, contrastant avec celui de la carrosserie. De larges bandes reprenant la couleur du toit décorent toute la longueur de caisse. La face avant ressemble curieusement aux berlines concurrentes de cette même année 1977: les Ford LTD II et Chevrolet Malibu. L’arrière se distingue cependant par l’intégration de larges optiques dans un épais parechoc chromé, toujours à la façon des muscle cars de la fin des années 1960. Avec 30 ans de recul, on pourrait dire que la Plymouth mêle la beauté des lignes sixties avec le volume et le confort des midsize années 1970.

Les midsize qui suivront au sein du groupe, en 1979, troquent les noms Fury et Monaco contre LeBaron chez Chrysler et Diplomat chez Dodge, marquant ainsi le passage à la plateforme M et à des formes anguleuses plus conventionnelles (voir l’article sur la Chrysler LeBaron 1980). En 1982, la déclinaison Plymouth réapparaît sous le nom Gran Fury.

Texte: Exapart / Photos: Solange

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La Plymouth Fury 1977 en mouvement