Marché américain de la voiture ancienne : la fin de la folie « muscle car » ?

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Marché américain de la voiture ancienne : la fin de la folie « muscle car » ?

Analyser, anticiper l’évolution du marché américain de la voiture ancienne depuis le vieux continent est un exercice à la fois angoissant et enthousiasmant.

Angoissant parce qu’aux Etats-Unis comme en Europe (à bien moindre échelle, certes), les nouvelles générations consomment moins l’automobile (urbanisation massive, conscience écologique, auto-partage…) et par extension, s’y intéressent beaucoup moins. Par quel miracle pourraient elles alors se retrouver au volant d’une voiture ancienne ? La « vieille bagnole cool » sera toujours admirée et perçue comme un fantasme tout droit sorti d’Hollywood ou d’une pub pour un parfum mais un plus grand pourcentage de la population se contentera de la voir à la télé ou de la piloter sur Xbox.

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Le temps passe mais le cinéma américain est toujours aussi nostalgique et entretient le mythe de la voiture ancienne. On a pas fini d’en entendre parler, mais de là à concrétiser ?

Enthousiasmant parce qu’une frange d’irréductibles bagnolards résiste toujours. Des américains qui ne voient pas la voiture comme un vulgaire moyen de locomotion et recherchent des sensations. Le genre qui n’a rien à faire dans un fan club californien de Toyota Prius. Sans vouer un culte à l’hybride, ils ont des goûts différents de leurs aînés, ce qui risque de modifier profondément le marché dans les années à venir.

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Les nouvelles séries à succès comme Stranger Things mettent le projecteur sur des modèles jusque là moins convoités. C’est le retour en force des années 1980 !

Une enquête récente d’Hagerty a établi le comportement d’achat des générations dites X et « millenials », respectivement nées entre 1961 et 1981 puis 1981 et 1996. Ces générations qui succèdent aux baby-boomers ont atteint « l’âge de concrétisation » de leur rêve automobile. Si certains continuent de fantasmer sur des modèles plus vieux qu’eux (j’en fais parti), d’autres ne jurent que par leur souvenir d’enfance, d’adolescence, de jeune adulte; ancrés dans leur époque. Sortent alors de l’ombre des modèles des années 1980-1990, jusque là peu considérés.

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Les vieux pickups – encore accessibles – sont très appréciés par les nouveaux collectionneurs.

Le budget d’achat moyen pour une voiture ancienne a fortement diminué, passant de 30.000 à 21.000 dollars. Si les sportives et muscle cars continuent à faire recette – cinéma et jeu vidéo aidant beaucoup -, il se pourrait qu’ils pèsent bien moins qu’aujourd’hui dans le monde de la collection, au profit de véhicules longtemps restés au second plan. C’est le cas des SUVs et pickups des années 1960-1970-1980. Polyvalents (on s’amuse hors des sentiers battus et on vide son bordel à la déchetterie) et abordables (pour la plupart) à l’achat comme à l’entretien, ils attirent de plus en plus les nouveaux collectionneurs, déjà emballés par les SUVs et pickups modernes qu’ils conduisent au quotidien. Ces collectionneurs apprécient aussi davantage la voiture ancienne parce qu’ils peuvent y mettre facilement les mains sous le capot, en pleine ère du « do-it-yourself ».

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Victime de son récent succès, le Ford Bronco – premier du nom – a pris une grosse cote.

L’offre et la demande évoluant, certains modèles peu cotés aujourd’hui risquent de prendre une valeur considérable dans un futur proche. L’exemple le plus flagrant est le Ford Bronco 1966-1977 dont le prix de vente moyen a déjà explosé depuis qu’une nouvelle génération se l’arrache. A l’inverse, les rêves de baby boomers comme les muscle cars, très (trop ?) cotés il y a une quinzaine d’années, ont vu leur valeur diminuer sensiblement et se consolider ces dernières années… avant un long déclin (ou pas pour quelques icônes) ? La loi du marché irait dans ce sens. D’autant qu’au delà des voitures américaines, les « nouvelles » générations sont de plus en plus attirées par les japonaises et allemandes.

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A l’exception de modèles rares et/ou emblématiques, de nombreux muscle cars pourraient bien perdre en valeur dans les années à venir.

Il est peut être bien loin le temps des nombreux muscle cars à quelques centaines de milliers d’euros sur eBay US. L’occasion de réaliser des rêves, jusque là inaccessibles ? L’avenir nous le dira.

4 Commentaires

  • nonoberlingo
    4 janvier 2020

    Sujet intéressant. Je pense qu’il y’a deux leviers. Le premier est comme tu le dis que le climat autophobe décomplexé actuel qui n’aide pas les nouvelles générations à se projeter dans les voitures anciennes, à fortiori étrangères comme les américaines (image encore forte d’une grosse consommation et d’une taille pas adaptée à nos routes toussa toussa) et deuxièmement ce n’est pas tant que les prix baissent. Pour le modèles iconiques comme les Mustang, Charger R/T et autres Chevelle SS les prix ne bougent pas voir continuent de grimper. Il n’y a qu’à voir les prix d’une General Lee ou d’une Bullitt même simple copie pour s’en convaincre. C’est plutôt que par « dépit » les gens se sont reportés sur des modèles moins cotés et donc plus accessible (Buick Riviera, Dodge Nova ou Polara, Plymouth Duster, Pontiac Catalina et Ford Galaxie par exemple). Ensuite pour les neophytes, l’entretien courant peut faire peur alors qu’avec les bons garages y’a vraiment pas de quoi tortiller du c**.

  • Dominique Sobecki
    9 janvier 2020

    Je vois autours de moi pas mal de jeune pour qui la voiture n’a rien de sexy: contraintes,budget,répression tout azimut,sentiment (juste à mon avis) d’être « une vache à traire » par l’état.Pas mal d’entre eux n’envisagent mème pas de passer leur permis.
    Quand il faut absolument une caisse,ce doit être un « traine couillon » le moins onéreux possible.
    La culture auto,semble avoir pris un sacré coup dans les gencives.
    J’imagine qu’à l’avenir les passionnés comme nous se sentiront de plus en plus seuls,un peu comme le derniers des mohicans.Et vu la tournure des évènements,je me demande parfois combien de temps je vais pouvoir continuer à rouler en Pontiac Trans Am 75 sans que l’on ne me jette une pierre dans le pare brise……(la question n’est plus « combien ça consomme » mais,qu’est ce que cela doit polluer).
    Rajouter à ça les « investisseurs »qui n’aiment pas l’auto ancienne mais surveillent sa cote,et il semble bien que la messe soit dite.

  • Yann
    22 janvier 2020

    Les Bronco et Blazer…… Les Cutlass des 80 ont vu leur cote exploser elles aussi, alors qu elles n intéressaient personne il y a encore 5 ans. Ce sont les bulles spéculatives du moment……et comme toutes les bulles, ça ne dure pas.
    Globalement, il y aura plus d offre que de demande dans les années a venir. Les anciens, commencent a liquider leur collection, les nouvelles generations s intéressent moins a l automobile en général (ce n est plus dans l ère du temps…..)
    Quand aux muscle cars, les modèles emblématiques, « intapable » aujourd’hui pour le commun des mortels, le seront toujours demain….malheureusement.
    Restons optimiste, il y aura toujours une poignée d irréductibles passionnés, mais nous devrons certainement nous adapter aux nouvelles contraintes environnementales, pour continuer de vivre notre passion.

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