Le fantasme désuet de la limousine américaine
Aussi longue que ta fortune le permet, la limousine est un symbole de richesse des plus clichés et terriblement has been. Un must have.
Aujourd’hui, les gens riches qui ont la flemme de conduire se retrouvent sur la banquette arrière d’un van ou d’une berline voire d’un grand SUV. Ceux qui aiment passer devant s’offrent généralement une voiture sportive, excitante à piloter. Les derniers à se déplacer en limousine sont finalement des milliardaires grabataires et nostalgiques ou des touristes de passage à New York. Si vous ne faites parti d’aucune de ces catégories mais que vous aimez quand même ces voitures, vous êtes très gravement atteint et ce site devrait vous plaire.
Les limousines sont de plus en plus rares dans les rues des grandes villes américaines.
Je ne vais pas vous parler ici des Hummer rallongés – trop vulgaires – mais des limou à l’ancienne sur châssis de berlines fullsize. La plupart du temps des Cadillac et des Lincoln que l’on voit (voyait) arpenter les rues des grandes métropoles américaines. Elles sont parfois très longues, parfois plus courtes, souvent chromées et parfois surmontées d’un toit vinyle et de « lanternes » latérales rappelant l’époque des carrosses avec chevaux. Le poste de conduite est séparé du reste de l’habitacle par une vitre fumée pour préserver l’intimité de l’invité de prestige. Dans son salon cossu, il ne voit pas les kilomètres passés. Fumant son cigare affalé sur la banquette, il matte tranquillement la téloche, verre de whisky dans la main gauche pour se vider l’esprit et oublier cette journée pleine de tracas. Parfois, il feuillette son journal ou passe un coup de fil à son conseiller financier. S’il était chez lui, il sortirait presque le peignoir léopard. Il est chef de grande entreprise, politicien, mafieux ou tout ça à la fois. Sa caisse en impose autant que son statut mais qu’importe, ce type là ne m’intéresse pas.
Exemples d’aménagements intérieurs pour une Cadillac Brougham ’87
On connait des chauffeurs plus malheureux.
La place que j’enviais, c’était plutôt celle du chauffeur. Ce « chanceux » à la tête d’un palace roulant qu’il chouchoute et emmène ici et là. Celui qui maintient un confort présidentiel sur les routes les plus abîmées et connait le gabarit de son navire comme sa poche. Il se faufile avec aisance dans les artères des grandes villes, sans jamais nuire à l’ambiance feutrée du compartiment voyageurs. Le V8 associé à la boite automatique douce offre un couple et une souplesse de fonctionnement sans égal, idéalement taillés pour une voiture de grande remise. Bien qu’il n’ait pas la place privilégiée, le chauffeur bénéficie tout de même d’un semi habitacle richement équipé, digne des meilleurs standards américains parce qu’on est quand même à bord d’une Cadillac voire d’une Lincoln.
Lincoln et Cadillac étaient les bases les plus courantes en Amérique du Nord.
Dans un autre contexte, dans une autre vie, je serais à la tête d’une société de location de limousines; pour le plaisir de contempler ces vestiges d’une époque révolue, chaque matin et faire goûter à mes clients, le rêve américain dans toute sa démesure. Pour l’heure, je risque juste de remplir mon jardin de limousines inroulables en carte grise anglaise mais on ne sait jamais de quoi la vie est faite.
Moi dans une autre vie.