Pourquoi je boycotte le salon Rétromobile

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Pourquoi je boycotte le salon Rétromobile

A une époque où les livrets bancaires sont peu rémunérateurs, où le moindre investissement est surtaxé, la voiture ancienne – exonérée d’ISF et de taxe sur la plus value sous condition – devient le nouveau placement à la mode. Pour le meilleur et pour le pire.

J’aime m’entourer d’authentiques passionnés, de gens qui mettent les mains dans le cambouis, qui roulent avec leurs auto, les font vivre. Leurs voitures ne sont pas toujours exempts de défauts, bobos de carrosserie mais ont l’âme de voitures « vivantes », dans leur jus, qui n’attendent pas tristement dans un bocal que leur valeur augmente.

Ambiance « touchage de nouilles »

Des événements comme Rétromobile me donnent de plus en plus le sentiment d’assister à une foire aux placements financiers. Les autos présentées sont parfaites, reluisantes avec un pedigree surprenant qu’on hésite pas à gonfler un peu au passage (autant que le prix) pour capter l’attention. Certaines n’ont jamais connues la route, stockées au sec depuis leur sortie d’usine, d’autres ont subi d’impressionnantes restaurations avant leur mise aux enchères. Mais, au final, qu’importe. Les enchères de voitures anciennes sont devenues un tel phénomène qu’on ne s’étonne plus de voir partir une épave de Ferrari un peu rare pour quelques millions d’euros. Il suffit qu’une autre auto – pas très valorisée au départ – ait été la propriété d’un chanteur très connu de l’époque pour que sa cote grimpe et que tout le monde se l’arrache. Les maisons de vente aux enchères ont l’art et la manière de raconter la petite histoire qui va bien à qui veut l’entendre.

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Cette année, la Cadillac de notre Johnny national – estimée à 50.000 € – est partie aux enchères pour 270.000 € !

Parti de ce contexte, on ne s’étonnera plus de croiser davantage de messieurs « à gros cigares » (désolé pour le cliché) et de stands qui correspondent à leurs attentes dans les allées de salons comme Rétromobile. L’achat d’une voiture ancienne a ce côté agréable qu’il mêle le plaisir de posséder et conduire une auto originale tout en plaçant son argent intelligemment. C’est comme ça qu’on vous le vend. Dans les faits, la plupart de ces voitures terminent dans des parkings souterrains privés, entourées de centaines d’autres, et démarrées de temps en temps juste pour les décrasser un peu ou impressionner un confrère. Il n’y a qu’à voir la quantité de poussière sur certaines. Beaucoup de propriétaires attendent qu’elles prennent encore plus de valeur voire que la taxe sur la plus value saute au delà des 22 ans de détention du véhicule.

Un cruel manque d’authenticité

Avec les années, je me rends compte que le salon Rétromobile n’est vraiment pas fait pour moi. Mes bons vieux rencards sans prétention me permettent d’apprécier GRATUITEMENT des voitures en mouvement, de plus près, sous tous les angles, moteur tournant (plus ou moins bien) et d’échanger avec leurs propriétaires aux personnalités diverses et variées. A ce titre, le salon Automédon – mêlant expo et parking ouvert aux anciennes – reste mon favori. Un événement comme Rétromobile me parait soudainement bien fade en comparaison, et beaucoup plus vendeur auprès du grand public venu contempler en vrai les spécimens de son livre Les plus belles voitures anciennes, et pour certains, de repartir avec un « bon investissement ». Enfin, le prix d’entrée fixé à 18€ pour les adultes n’a cessé d’augmenter lentement et sûrement en quelques années.

C’est tout pour moi.

Photos: Rétromobile

3 Commentaires

  • Doret
    16 mai 2017

    Je suis d’accord avec vous!

  • Pierre
    13 décembre 2017

    De toute manière quand les grandes sociétés de courtages se sont pointé c était définitivement foutu mais ça avait l honnêteté de dire que c était devenu une succursale de la Bourse et que le mot plu value était la base de Retromobile …. pour la petite histoire vu l âge certain des spectateurs même , ce salon est surnommé « le salon couches culottes « 

  • Patrick
    6 février 2019

    18 euros ? Il me semblait que c’était 22. Bref, beaucoup trop ! Effectivement, ça empeste le fric et le cigare. Ça devient n’importe quoi. Sans oublier les marchands du temple qui vous vendent tout ce qui s’y rattache pour des prix… défiant toute concurrence ! Bref, je préfère m’abstenir de ce salon qui a bien changé depuis ses débuts.

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